Dec 1, 2010
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Le système d’évaluation par les pairs – Entretiens Jacques Cartier (2010)

Table ronde 3 : Évaluer le mérite artistique: repères, évaluation et principaux acteurs? Une discussion entre évaluateurs et personnes évaluées.

Dates : Lundi 22 et Mardi 23 novembre 2010
Lieu : Conservatoire de Lyon 4 montée Cardinal Decourtray 69231 LYON cedex 05

Je participais le mois dernier au colloque — Le soutien public aux arts à l’ère de la montée culturelle des grandes villes dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier qui ont eu lieu à Lyon du 19 au 25 novembre 2010. Il y a eu de très bonnes présentations, dont une conférence du sociologue Pierre-Michel Menger sur les arts, leurs marchés et leurs systèmes d’évaluation. Pour plus d’information, voir la série d’entretiens vidéo disponibles sur le site de Daily Motion

 

J’ai été invité par le Conseil des Arts du Canada, à prendre part, à titre de panéliste, à une table ronde animée par Aimé Dontigny agent de programme au Conseil des Arts. Le débat s’est déroulé autour de la question de l’évaluation du mérite artistique et plus particulièrement le modèle canadien d’évaluation par les pairs. Karla Étienne, danseuse et adjointe à la direction de la compagnie de danse Nyata Nyata de Montréal ainsi que Thierry Pariente directeur général de l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon y participaient aussi.

Le système d’évaluation par les pairs est quelque chose que nous tenons ici au Canada pour acquis.  Ma participation m’a donné l’opportunité d’examiner, avec un recul critique, les processus décisionnels et les conséquences des choix qui sont faits.

Il est évident qu’en 45 minutes, il soit impossible de débattre de tous les aspects d’un tel système.  Il reste que l’exercice nous as permis, ainsi qu’au public présent, de cerner les grands enjeux et les grands défis de ce modèle.

Voici le texte que j’ai lu comme introduction à ma participation.

Évaluation par les pairs

Le fait d’être choisi pour choisir est un honneur et une grande responsabilité. La tâche de sélectionner en groupe, est une activité intense quelquefois frustrante, souvent épuisante.

C’est une chance inouïe de voir ce qui se fait, à l’échelle du pays, dans une discipline donnée.  C’est un instantané de grande qualité, une image fantastique d’énergie, d’explosion et de défis.

Toutes les fois, où j’ai eu l’occasion de servir sur un jury, j’ai été étonné de voir l’immense qualité du travail présenté.  Tous les demandeurs qui ont soumis une demande ont travaillé une semaine, deux semaines ou plus encore. Ils ont expliqué leur projet, défini leurs attentes, leurs démarches; ils ont cherché des partenaires; des lieux de diffusions; ils ont calculé des budgets, bref ils ont projeté dans l’avenir une partie d’eux-mêmes.  L’investissement est lourd de sens et il est toujours crucial.

Mon point de départ personnel est fondé sur le respect de chaque individu, de chaque rêve. Idéalement, tout le monde devrait recevoir une bourse et pourquoi pas ? Tout le monde a travaillé tellement fort. Malheureusement, les banquiers nous disent que cela n’est pas possible, d’où la nécessité de partager, de juger, de trancher.  Il n’y a pas debail out pour les artistes.

Contribuer à la réalisation de sens est un sentiment unique, mais en même temps les rêves qui se brisent, qui s’effondrent par suite des décisions de jurés, ont de lourdes conséquences. Pour ceux et celles qui recevront, par la poste, une lettre de refus, nous sommes — nous les pairs — l’enfer éternel où nous brûlerons jusqu’à la prochaine date limite.

Le modèle d’évaluation par les pairs n’est pas un modèle parfait, mais c’est celui que nous utilisons. C’est vraiment un genre d’autobus à deux segments, connecté par une espèce d’accordéon qui se plie et se ploie sur la route sinueuse des choix à faire. C’est un modèle qui se rapproche, d’une certaine façon, de l’Encyclopédie Wikipédia. Il n’y a pas un usager, ou un juré qui détient la vérité universelle. La réalité se dessine, au fur et à mesure, lentement, par couches successives, superposées, juxtaposées. Elle devient, dans ce grand projet de collaboration entre individu et communauté, l’âme mouvante qui nous représente dans ce moment éphémère.

Le processus est simple et mystérieux à la fois. Une journée, sans crier gare, le téléphone sonne.  C’est un agent du Conseil des Arts qui tient devant le combiné une invitation à siéger. Une fois les détails réglés, on vous envoie une boîte de cahiers à lire, 500, 1000, 2000 pages de rêves, de chiffres, de curriculum vitae. Tous ces livres doivent être lus, commentés et notés avant la réunion.

Daniel Dugas
Le 23 novembre 2010
Moncton NB — Lyon, France

 

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Daniel H. Dugas

Artiste numérique, poète et musicien, Daniel H. Dugas a participé à des expositions individuelles et de groupe ainsi qu’à plusieurs festivals et événements de poésie en Amérique du Nord, en Europe, au Mexique et en Australie. Son treizième recueil de poésie « émoji, etc. » / « emoji, etc. » vient de paraître aux Éditions Basic Bruegel.

Daniel H. Dugas is a poet, musician, and videographer. He has participated in solo and group exhibitions as well as festivals and literary events in North America, Europe, Mexico, and Australia. His thirteenth book of poetry, 'émoji, etc.' / 'emoji, etc.' has been published by the Éditions Basic Bruegel Editions.

Date : Mars / March 2022
Genre : Poésie / Poetry
Français / English

émoji, etc. / emoji, etc.

Date: Mai / May 2022
Genre: Vidéopoésie/Videopoetry
Français/English

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